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 Les rires oubliés [Monologue]

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MessageSujet: Les rires oubliés [Monologue]   Les rires oubliés [Monologue] EmptyMer 12 Mar - 18:17


Les toutes premières lueurs du soleil commencent à apparaître et à s’engouffrer à l’intérieur de la chambre des adolescents. James ne dort plus depuis longtemps. Il reste étendu dans son lit, les yeux fixés sur le plafond où un mélange d’ombre et de lumière se projette. Le ciel doit être dégagé ce matin, ce sera peut-être une belle journée. James se redresse doucement dans son lit pour regarder en direction du lit voisin. Il ne distingue que la silhouette de Lyall sous les couvertures mais l’Irréelle ne fait aucun mouvement. Elle semble encore dormir paisiblement. Toute la maison est silencieuse, l’ambiance est propice au repos mais l’adolescent a une toute autre idée en tête.
Depuis l’annonce du Gouvernement, et malgré le retour du militaire dans la maison, James n’est presque pas sorti pour rester tenir compagnie à Lyall. Il sait que c’est dur pour elle de ne plus aller se promener librement et il a du mal à quitter la maison sous ses yeux sans culpabiliser. Il espère se sentir un peu moins coupable en partant dès l’aube, pour revenir en fin de matinée. Lyall ne le verra pas partir et il sera de retour rapidement. Il ne veut pas lui faire de peine mais il ressent le besoin de s’éloigner de cette maison, des gens qui y vivent et de pouvoir totalement s’isoler pour un moment, sans risquer de croiser la moindre personne. C’est encore étrange pour James de vivre avec autant de monde autour de lui. Lui qui était habitué à mener une vie plutôt solitaire lorsqu’il vivait chez son père, le contraste est assez important. Il commence pourtant à apprécier Eylin et la présence de Lyall ne le dérange pas mais il ressent toujours le besoin d’être seul par moment.
Sans faire de bruit, pour ne pas réveiller le reste de la maison, l’adolescent se lève et rassemble ses affaires. Il n’emporte pas grand chose avec lui, il ne compte pas partir la journée entière, même s’il lui est déjà arrivé de le faire quand il a commencé à vivre chez l’épicière. Il ne prend même pas son sac à dos avec lui, il n’emporte qu’un livre qu’il a emprunté quelques jours plus tôt dans la bibliothèque d’Eylin. Après s’être chaudement habillé, James écrit un mot sur une feuille de papier pour prévenir les autres à leurs réveils. Son écriture est soignée, elle est même redevenue aussi fine et gracieuse qu’elle l’était avant qu’il soit blessé. Il laisse le message en évidence sur son lit et il quitte la maison en toute discrétion.

Malgré les quelques rayons de soleil qui réchauffent la campagne environnante, l’air est encore très frais, surtout à une heure aussi matinale. Tout est encore calme et endormi autour de lui. Pour certains, ça pourrait être déprimant ou angoissant mais James trouve au contraire quelque chose de rassurant dans cette ambiance. Marchant à un rythme assez soutenu, l’adolescent a vite fait de quitter le petit village pour s’aventurer sur des terres moins marquées par l’emprunte humaine. Les maisons et les routes laissent place à des champs et des chemins puis à des petits sentiers avant d’arriver enfin en bordure de forêt. James connaît bien ce chemin, il l’a déjà souvent emprunté et il sait très bien où il met les pieds. Il évite de dire à Lyall ou à Eylin qu’il lui arrive de se balader aussi loin, il ne veut pas qu’elles se fassent du souci pour lui. James ne part jamais bien loin dans la forêt. Il ne s’y enfonce jamais par crainte de déranger des animaux, qui pourraient très mal prendre de voir un intrus sur leur territoire. Il reste pourtant suffisamment éloigné pour ne pas être aperçu depuis les champs et les chemins avoisinant. Ça lui donne l’impression d’être totalement isolé, d’être loin de toute civilisation et d’être en sécurité dans cette nature si calme et reposante.
Fatigué de toute cette marche qu’il a dû faire pour arriver jusqu’ici, l’adolescent s’installe par terre, adossé contre le tronc d’un arbre dont les branches, encore dénuées de feuilles, se balancent lentement au-dessus de lui. A part le vent et le chant de quelques oiseaux, il n’y a aucun bruit autour de lui. Il est sûrement le seul être humain des environs et cette idée le rempli d’un sentiment de sérénité. Confortablement installé, le jeune garçon ouvre le bouquin qu’il a emporté à la page où il s’était arrêté, pour reprendre sa lecture. Ce n’est pas par hasard si James a choisi ce livre plutôt qu’un autre. Celui-ci a tout de suite attiré son attention par sa couverture qui lui rappelait l’un des livres qu’il a pu voir dans la bibliothèque de sa mère. Il ne sait pas s’il s’agit vraiment du même livre. Il était encore bien trop jeune à l’époque pour se souvenir de son titre ou de l’auteur, d’autant plus qu’il commençait seulement à apprendre à lire. Pourtant, l’idée de lire les mêmes mots que sa mère a pu lire également lui plait bien. Il a même laissé la dernière photo qu’il lui reste d’elle à l’intérieur du livre. La photo lui sert de marque-page et en même temps, le poids du livre permet de lui redonner un peu plus son aspect d’origine. Avec le temps, la photo n’est plus en très bon état et le fait d’être resté un moment dans le sac à dos du garçon n’a pas arrangé les choses.
James reste concentré dans sa lecture mais lorsque quelques nuages s’éloignent et laissent réapparaitre le soleil, l’adolescent se permet de faire une petite pause. Il ferme les yeux et pose l’arrière de sa tête contre le tronc de l’arbre. Il sent les rayons du soleil qui réchauffent doucement son corps. C’est un moment calme, paisible, agréable. Un moment de détente qu’il ne peut retrouver nul part ailleurs. Après quelques minutes, un autre nuage vient se dresser devant le soleil, accompagné d’un petit vent glacial. Le corps de l’adolescent frémit pendant un instant alors qu’au même moment, la brise fait voleter quelques pages du livre et emporte avec elle la photo de James et de sa mère.

« Non !! »

James tend le bras pour tenter de la rattraper mais c’est déjà trop tard. La photo s’envole et s’échappe, s’éloignant de lui pour aller s’enfoncer un peu plus loin dans la forêt. L’adolescent se lève aussitôt pour essayer de ne pas la perdre de vue, abandonnant le livre au pied de l’arbre. Le vent s’arrête rapidement de souffler, la photo ne devrait pas être bien loin et pourtant, James ne la voit plus. Il est difficile de retrouver un objet si petit et si fin au milieu d’une forêt assez dense où le sol est encore recouvert d’une multitude de feuilles mortes en décomposition. Le jeune garçon ne veut pas perdre espoir et il commence à chercher, à regarder partout à fouiller même parmi les feuilles pour tenter de retrouver cette photo, cette seule et unique photo où apparaît le visage de sa défunte mère.

« Maman… Où es-tu… »

Le désespoir commence à se ressentir dans le son de sa voix. James ignore combien de temps il a passé à chercher la photo mais toutes ses recherches semblent inutiles. Le vent s’est relevé plusieurs fois, il a pu entrainer la photo bien plus loin qu’il l’imagine. Le temps passe et il ne peut toujours pas accepter d’abandonner ses recherches. Il sait que la photo est là, quelque part, peut-être même juste à côté de lui ou sous son nez. Il ne peut pas repartir sans elle, il n’aurait plus aucune chance de revoir la photo, de revoir le doux sourire de sa mère, son regard si tendre et son air bienveillant. Il ne peut pas l’abandonner mais il ne sait plus où chercher. Complètement anéanti, l’adolescent se laisse tomber à genoux sur le sol recouvert de feuilles. Son regard se promène un peu partout, espérant tomber par hasard sur la photo égarée.

« James ? »

Une voix, un murmure, qui semble s’élever comme dans un rêve. James n’ose pas y croire. Ses yeux regardent partout autour de lui mais il n’y a personne, il est complètement seul. Cette voix ne peut pas être réelle, il a simplement rêvé.

« Par ici ! »

Encore elle… mais d’où vient-elle ? James se relève et tourne sur lui-même au milieu de la forêt à la recherche d’un visage, d’une silhouette. Il ne voit toujours personne mais la voix lui semble plus claire que la fois précédente. Elle lui est également très familière.

« Maman ? »

Ça ne peut pas être elle. C’est impossible et pourtant… il a l’impression que c’est bien sa voix.

« Je suis là ! »

Un mouvement, derrière lui, le fait sursauter et enfin il la voit. Elle est là, face à lui, aussi belle et rayonnante qu’à l’époque de la photo. Sa mère est là.

« Maman ! »

James se jette vers elle mais il n’est plus vraiment lui-même. C’est un petit garçon, un enfant. Il court en direction de sa mère et elle se penche vers lui pour le serrer dans ses bras. Le contact des bras de sa mère autour de lui, qui le serre contre elle, lui procure la sensation la plus douce et apaisante qu’il n’a jamais connu.

« Bravo ! Tu m’as trouvé ! »

Elle l’embrasse sur le front avant de le chatouiller et de rire joyeusement avec lui. Elle finit par lui remettre correctement son bonnet sur la tête et le regarde en lui adressant un sourire chaleureux.

« Il faut rentrer maintenant, ton père va nous attendre. »

Elle se relève et lui tend la main mais James refuse de s’en saisir.

« Oh non ! On reste encore un peu ! »

Le sourire de sa mère ne s’efface pas, elle se met même encore à rire.

« On reviendra, mon petit garçon capricieux. »

L’enfant la regarde à son tour avec un sourire radieux, des étoiles plein les yeux.

« C’est promis ? »

« Oui, je te le promets. Mais il faut vite rentrer maintenant. »

Les silhouettes de la mère et de son enfant s’éloignent dans la forêt et commencent à disparaître, à se brouiller. Tout devient plus flou, tout s’estompe, tout ça n’était qu’un rêve…

James ouvre à nouveau les yeux. Il est toujours assis contre l’arbre, il s’est seulement assoupi. Son regard descend rapidement vers ses genoux contre lesquels le livre ouvert repose encore et, coincée entre deux pages, la photo est toujours là. Le cœur de James semble pourtant se scinder en deux parties. L’une se remplie de bonheur en constatant que la photo n’a pas disparu et l’autre semble se briser en réalisant que sa mère ne fait et ne fera plus jamais partie de son monde. Le son de sa voix, son odeur, la chaleur de ses bras, il a tout imaginé en se basant sur des souvenirs flous de son enfance qui disparaissent chaque jour un peu plus. James referme soigneusement le livre sur la photo de sa mère avant de le serrer contre lui. Ça fait des années qu’il n’a plus rêvé de sa mère mais la douleur est toujours la même et il la connaît que trop bien.

« Maman… »

Un doute persiste pourtant. S’agissait-il seulement d’un rêve ou d’un souvenir oublié ? Est-ce qu’il est déjà venu se balader et jouer en forêt avec sa mère ? Est-il déjà venu à Alrun avec ses parents ? Les pensées de James commencent à s’embrouiller. Il a pu associer la sensation de bien-être qu’il ressentait avant de s’endormir à ce qu’il ressentait quand il était avec sa mère ou bien… Ou bien il se sent bien dans cette forêt parce qu’elle lui rappelle inconsciemment des moments qu’il a passé avec elle. Le jeune garçon est complètement perdu et déboussolé mais il revient bien vite à la réalité. Il s’est assoupi pendant plus d’une heure, il ne faut pas qu’il tarde à rentrer s’il ne veut pas inquiéter Lyall ou Eylin.
James se relève et reprend sa route pour revenir sur ses pas. Il ne sait pas encore que pendant ce temps-là, tout Alrun s’est agitée par l’arrivée des militaires et qu’il rebroussera finalement son chemin. James n’est pas un Irréel, il ne craint rien mais le souvenir du militaire qu’il a rencontré à Edernys reste encore bien présent dans sa mémoire. Il faut qu’il reste discret s’il ne veut pas attirer l’attention sur lui et risquer d’être expédié chez son père. L’adolescent est toujours un fugueur et il ne fait aucun doute que si un militaire le reconnaît, Eylin ne pourra rien faire pour lui. James sera obligé d’attendre seul, dehors, que les choses se calment pour pouvoir rentrer, en espérant de toutes ses forces que les Berkam seront capables de protéger Lyall.
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