Depuis quelques temps, Tamia réfléchissait à ce qu'elle voulait faire. Son travail à l'Alouette ne la menait nul part et trouver un autre travail n'était pas une chose aisée lorsque l'on sortait tout simplement d'un tertiaire. Tam' avait toujours cru que la vie lui donnerait les opportunités qui lui permettraient de gravir des échelons et trouver un réel intérêt à faire son travail. Mais terrée dans le quartier Sud, les seules opportunités qu'elle ait pu trouver ne l'auraient mené nul part.

C'est ainsi qu'après une longue et intense réflexion, la jeune femme c'était décidée à tenter d'entrer en quaternaire. C'était un réel défis et la seule solution pour elle de trouver un métier qui lui plaise vraiment. Cela lui demanderait beaucoup de travail. Ses économies toutes entières y passeraient mais Tami était déterminée à se prendre en main et devenir quelqu'un. Les divers événements qui gravitaient autour d'elle lui avaient fait oublier le chemin dans lequel elle marchait. Il était temps pour la demoiselle de faire les bons choix pour ne pas se faire manger par la vie.

Avant de passer les tests, Tamia était déterminée à suivre des cours. Ce ne seraient pas les même cours qu'une école traditionnelle mais des professeurs particuliers qui viseraient directement les matières demandées pour l'examen de passage en quaternaire. Courageuse et pleine de volonté, Tam' allait aujourd'hui se rendre dans le Centre où elle devait rencontrer le professeur Happy. Un nom avenant. Cet homme n'était pas le plus expérimenté des professeurs mais les prix qu'il proposait étaient convenables et donc tout à fait à portée de Tamia. Bon, le lieu de rendez-vous n'était pas à côté de chez elle mais ça ne l'arrêterait pas ! Alors Tam' prit le train tôt dans la matinée pour se rendre au lieu dit.

Une fois arrivée à la bibliothèque, Tam' s'avança vers l'hôtesse d'accueil.

- Bonjour, je dois retrouver M. Happy, savez-vous s'il est arrivé s'il vous plaît ? Demanda-t-elle à la vieille dame derrière son comptoir.
- Hmm ?

La femme leva la tête vers la tête blonde qui la dérangeait dans sa lecture. Tamia fit une moue perplexe.

- J... s'il entre vous pourriez lui dire que je suis juste en haut s'il vous plaît ? Expliqua-t-elle devant l'absence de présence d'esprit de la bibliothécaire.
- Hm mm, acquiesça-t-elle en se replongeant dans son bouquin.

Assez étonnée par ce comportement nonchalant dans un quartier aussi bien réputé, Tamia s'en alla vers la place qu'elle avait donné à cette femme. Quelques allées traversées puis un escaliers en bois qui menait à un étage ouvert sur le hall. La spacieuse bibliothèque était silencieuse et peu peuplée avait une étrange atmosphère de calme et d'oppression. Comme si chaque mouvement que l'on faisait était épié et étudié de long en large. Cette ambiance mettait Tamia mal à l'aise. S'installant sur une table près de la rambarde pour surveiller l'entrée, la jeune fille avait retiré d'une étagère un petit roman d'une cinquantaine de pages. Observant brièvement l'ensemble de la vaste bibliothèque, elle plongea sa tête dans son livre dans l'attente du professeur.

Il fallut quelques minutes à Tamia avant de se plonger dans son livre. Non pas qu'il était mal écrit mais ses yeux ne cessaient de zieuter l'entrée dans l'hypothèse où le professeur arriverait. Après quelques pages, elle ne fit même pas attention que l'homme se dressait devant elle. Sa voix l'interpella d'une salutation et d'une présentation. Un sourire bienveillant aux lèvres, Tami leva la tête vers la source des mots.

- Je vous pris d'excuser mon retard j'ai eu... Quelques soucis chez moi, se justifia-t-il.
- Ah ça ne fait rien, une bibliothèque ce n'est pas le gendre d'endroits où on s'ennuie quand il faut patienter quelques minutes, répondit la demoiselle qui sentait une gêne chez son interlocuteur. J'espère que ce n'est rien de grave...

Faire attendre quelqu'un ce n'est jamais agréable. Pour ses manies de souvent être en retard, Tam' comprenait le sentiment du professeur. Elle ferma son livre sans réserve avant de se lever.

- Je vais le ranger pendant que vous vous installez, proposa-t-elle tout sourire.

Au revenir, la jeune fille sorti de son petit sac une pochette en carton où étaient rangées soigneusement diverses feuilles vierges et un stylo noir. Les derniers cours qu'elle avait suivit, ça remontait à trois ans, même un peu plus. Reprendre des leçons alors qu'on a quitté le tertiaire depuis quelques années, ce n'était pas la chose la plus aisée. Cela dit, Tamia avait toute la volonté du monde derrière elle. Faire de nouvelles études lui ouvrirait d'autres portes et c'était aussi là le moyen de s'éloigner de tous ses problèmes. Bien sûr, Tami savait que ses économies ne couvriraient que le test et qu'elle avait tout intérêt à continuer de travailler à l'Alouette pendant ses études, mais sa motivation n'avait pas de limite. Cet échappatoire était le meilleur qu'elle possédait.

Bien que le quotient intellectuelle de Tamia ne crève pas le plafond, sa naïveté était surtout dû au fait qu'elle avait dans sa personnalité ce petit quelque chose qui faisait qu'elle croyait les gens tant qu'elle n'avait pas de raison de croire qu'ils pouvaient lui mentir. Ce qui était assez arrangeant pour les manipulateurs et détraqués sociaux qui abusaient ainsi de sa gentillesse. Trop gentille pour son propre bien, eh oui, ça arrive de croiser des gens comme ça ! Mais bon, cet homme n'avait pas l'air d'être bien méchant alors quand bien même il lui mentait, ce n'était pas une affaire d'État. Il lui évitait d'être vexée peut-être, bien qu'elle puisse concevoir qu'un élève de cours particuliers même pas encore commencé ne soit pas sa priorité dans la vie. Dormir était tellement plus intéressant au fond ! o/

- C'est vos anciens cours ? Demanda le professeur lorsqu'elle sortit ses affaires de son sac. Puis-je y jeter un œil ?

- Oui bien sûr, répondit la demoiselle avec un grand sourire.

Il avait l'air sympathique. Il feuilleta brièvement les cours qu'elle avait rangé dans sa pochette avant de lui demander :

- Bien ! Par quoi voulez-vous commencer ? Vos cours sont pleins, je pense que l'on peut commencer par n'importe quoi sans que vous soyez complètement... Larguée, disons.

- Hmm... ça dépend des sujets qui tombent le plus fréquemment au concours d'entrée en quaternaire de commerce, proposa la jeune femme tout sourire.