« Doriiiiaaaaaan ! Tu as vu ? Il est tout bonnement énorme ! »
Swan s’agitait devant l’enclos des éléphants, tendant une main remplie de cacahuètes pour essayer d’attirer un des énormes animaux. Elle trépignait dans son tee-shirt trop grand qui lui glissait sur l’épaule et qui couvrait presque entièrement son short en jean sombre déchiré. Dorian la regardait de son habituel regard impénétrable, toujours impeccable dans sa chemise claire et son pantalon de lin. Swan avait décidé de profiter du beau temps pour aller au zoo. Elle était ainsi : elle se levait, le matin, avec une idée en tête, n’importe quoi, et elle l’exécutait dans la journée, son Irréel la suivant comme son ombre.
Un éléphant s’approcha de son pas pataud, tendit sa trompe vers la main de la jeune fille et attrapa la nourriture qu’elle lui tendait. Swan éclata d’un rire sonore.
« Hahah ! Tu as vu ? C’est tellement drôle ! J’adore ces animaux, pas toi ? »
Il regarda le pachyderme paisible et acquiesça d’un signe de tête. Elle fit une pirouette, toujours hilare, et sauta au cou de Dorian.
« A toi maintenant ! Choisis un animal que tu veux voir ! »
Elle fixa le regard bleu glacé de son Irréel, son visage imperturbable. Puis il lui répondit de sa voix monotone et grave :
« J’aimerai voir les loutres. »
Swan éclata de rire. Les loutres ! C’était si drôle de voir Dorian, si sérieux, si glacial, demander devoir des animaux aussi mignons que des loutres ! Mais en même temps, cela lui ressemblait tellement. Pour elle, Dorian était bien plus mignon qu’une petite loutre.
« Très bien ! Allons-y alors ! » s’écria-t-elle en s’élançant sur le chemin, virevoltant, sautant à cloche-pied.
Elle était débordante d’énergie, débordante de joie. Chaque instant passé avec son précieux Irréel la rendait si heureuse qu’elle se demandait comment elle avait pu vivre sans lui les vingt-et-une années qui avaient précédé sa « naissance ». C’était comme s’il avait redonné ses couleurs au morne tableau de sa vie. Et cela la rendait si joyeuse qu’elle avait envie de tournoyer encore et encore sous le soleil, de crier sa joie au monde entier.
« Swan, fais attention, tu vas encore te faire m… »
Mais son Irréel n’eut pas le temps de finir sa phrase que la jeune fille heurta une personne de plein fouet, l’entrainant au sol avec elle. Elle massa son dos endolori et leva les yeux vers son compagnon de chute : c’était une adolescente – enfin, Swan hésitait quelque peu sur le genre de la personne – à l’épaisse tignasse rousse.
« Ca va ? Rien de casser ? Je suis désolée, je ne regardais absolument pas ce que je faisais, haha ! »