Lia patrouillait, l’œil alerte. La veille au matin, son unité avait été chargée de veiller au bon déroulement de l’inauguration de la nouvelle bibliothèque des Clay, une des familles les plus ‘’respectables’’ de la cité. L’une des plus fortunées également, pour pouvoir s’offrir le luxe de mobiliser une vingtaine de militaires uniquement dans le but d’intervenir en cas de pépin au cours d’une réception.....A dire la vérité, la Capitaine se serait volontiers passée d’une telle mission. L’armée avait bien assez de pain sur la planche pour se préoccuper des petits soucis de bourgeois falots qui du reste passaient le plus clair de leur temps à conspirer les uns contre les autres, sauf exceptions. Elle-même aurait préféré houspiller ses petits plutôt que de se trouver là. Mais voilà. Elle n’avait pas le choix. Ordre des supérieurs. Tout au plus s’était-elle permise narquoise, de leur faire remarquer avant de filer rejoindre ses élèves qu’avec un régiment entier, c’était sûr, aucun délinquant voire pire encore irréel ne pourrait s’infiltrer dans ce sacro-saint sanctuaire consacré au glorieux savoir de la patrie. Remarque qu’ils n’avaient surement pas dû apprécier, mais qu’importe : elle n’avait fait que dire la stricte vérité après tout….

Son oreillette grésilla un instant lorsque l’un de ses lieutenants lui signala que du côté de son équipe, tout était en ordre, ce à quoi elle répondit par un bref ‘’bien reçu’’ avant de recevoir des nouvelles d’une autre partie du groupe, laquelle avait été affectée à la sécurité externe. Rien de leur côté aussi. Bon. Elle renouvela ses recommandations puis continua sa ronde, s’approchant du coin réservé à la lecture, chef d’œuvre de pompe et de luxe qu’ornaient de superbes sofas en velours capitonnés dont l’or et le rouge se perdaient dans les teintes chaudes des larges rideaux empesés occupé pour le moment par une seule et unique personne. Une blondinette à la frimousse adorable, fille de la famille que son père avait promenée parmi les invités apprêtés en la présentant avec solennité comme l’on le fait avec un chien de manchon lors de journées salon. Une blondinette répondant au nom de Luna qui paraissait bien indifférente à toutes ces festivités, soupirant même d’un air dépité, un brin de mélancolie dans son regard pervenche. Ah lala…. L’on avait beau dire, mais la vie de la jetset edernyenne ne devait pas être drôle tous les jours et elle était fort aise de ne pas en faire partie…..

« La demoiselle de la maison qui soupire en un jour si particulier ….voilà qui est plutôt rare surtout en présence d'autant d'illustres invités….. » Demi sourire amusé tandis que son regard aiguisé faisait une énième fois le tour de la pièce, scrutant les alentours autant que possible. Non, ça ne devait pas être drôle du tout….