Je n'aimais pas ce genre de rendez-vous. Avec les récents évènements, je ne supportais vraiment pas de me balader seul comme ça de nuit à des endroits si reculés. Mais le message était signé Michaelys. Dans un sens, je ne pouvais pas me permettre de décevoir mon collaborateur vendeur d'illuvis. De l'autre, si quelqu'un se faisait passer pour lui pour me tendre un piège... J'avais fait parler de moi ces derniers temps et je ne voulais pas que cela recommence. Paranoïa ? Je dirais plutôt prudence. Et le fait que Michaelys fût toujours un peu paranoïaque me rassurait sur le lieu et l'heure du rendez-vous. Je n'avais pas eu de nouvelle depuis quelques temps. C’était une belle occasion de rediscuter un peu de nos projets respectifs ainsi que de mes futures attentes. Oui, un bon acheteur est celui qui en veut toujours plus, qu'importe ce que l'on fait. J'étais donc parti avec Seth a ce rendez-vous. Il fallait rester discret dans l'ensemble et je ne voulais pas que d'autres personnes $ part lui fussent au courant de cette réunion. Nous étions donc partis plus tôt et alors que minuit approchait je pénétrai dans le cimetière seul, lui demandant de me surveiller de loin. Cela faisait longtemps que je n'avais pas travaillé sur le terrain avec Seth. Oh non pas au risque de me déplaire. Loin de là. Mais il était vrai que sa présence me rassurait. Il était bien l'une des rares personnes en qui j'avais une confiance absolue. Je m'approchai vers une flamme qui avait interpellé mon regard. Rien d'extraordinaire. Après tout il ne pouvait y avoir vraiment personne d'autre dans un coin aussi perdu. Je reconnus les traits de Mika. Je souris doucement en m'approchant. Il avait l'air stressé et ne semblait pas avoir dormi beaucoup ces derniers temps. Il était direct et sans vergogne dans ses dires.
« Bonsoir Mika. Il est vrai que ce rendez-vous ne m'avait pas mis particulièrement en confiance mais c'est un trait caractéristique chez toi. »
Je rigolai doucement puis lui dit :
« Certes les quantités vendus dernièrement sont décevantes. Mais je conçois tout à fait tes difficultés à me faire parvenir la marchandise. Construire un local de production directement vers chez moi serait encore la méthode la plus simple. Mais comprends aussi que je ne peux te donner une réponse sans y avoir réfléchi un peu avant. J'ai besoin de savoir le cout de la production et la quantité journalière possible à créer. L'espace que cela va me prendre, le temps que je vais devoir investir pour me lancer la dedans alors qu'actuellement j'essaye de démarcher dans les autres quartiers... Mais viens, discutons de cela en marchant. Il sera plus simple de discuter ainsi et puis j'ai tant de questions a te poser. »
Simple n'était pas le mot. Mais il était vrai que cette demande plus que directe me laissait un peu sceptique. Je ne voulais surtout pas quelqu’un nous entende, aussi discuter en marchant était un moyen simple mais efficace. Seul les experts en filature sont capables d'écouter une conversation entière sans se faire repérer et sans perdre le fil de l'histoire. Et oui, rien n'est jamais laissé au hasard avec moi.