Suite au rp « Les sources des ennuis »

Les choses allaient de mal en pire pour Tamia. Elle qui avait reçu l'ordre de se faire discrète, voilà qu'un Capitaine de l'armée l'avait interrogée sur une affaire. Sa tête se montrait déjà dans les bureaux des autorités... Tout ça à cause de Morgan Landers ? Wethan ne pardonnerait pas aisément à sa cadette de laisser cette « tache » salir ses affaires. Ce n'était pas l'amour fou entre le deux hommes pour la bonne et simple raison que leurs intérêts étaient diamétralement opposés. Il n'y avait rien que le dealer ne pourrait céder au soldat et rien que le soldat n'abandonnerait pour le faire tomber. Un face à face interminable qui pourrait bien trouver sa fin si Aemilia décidait de ne pas garder ses écarts pour elle et ne monte un dossier sur Morgan. Ce dernier risquait très gros en restant dans les pattes de Tami, autant qu'en attaquant de front l'infernal duo Fehrnbach.

Après cette horrible soirée, Tam' s'était décidée à laisser son frère en plan. Il lui avait expressément demandé de venir au quartier Est cependant, après tout ça, Tamia était bien trop chamboulée pour se rendre là-bas. Et puis il commençait à se faire tard. La demoiselle décida de s'y rendre le lendemain. Elle essaya d'appeler plusieurs fois Wethan, puis Valentina. Elle parvint à obtenir de sa sœur que leur aîné « travaillait ». Bien. Très bien. Cela arrangeait la serveuse qui, prenant sa journée, décida de se rendre au « bureau » du dealer. Résidant dans le quartier Sud, Tamia n'avait pas eut trop de mal à trouver l'endroit où il se terrait. C'était un vieil établissement un peu en retrait sur les autres. Des hommes étaient postés devant comme des ouvriers en pause perpétuelle. Il n'y avait pas grand monde ce matin. Les gens travaillaient.

Bien que Tami n'ait pas toute la beauté de sa sœur jumelle, ce qui servait de gardes à Wethan lui laissa le champ libre, vérifiant néanmoins ses arrières. Très mal à l'aise et avec cette intuition de toujours faire des erreurs, Tamia marchait d'un pas peu assuré. Le petit immeuble était sombre et mal entretenu. Le hall donnait directement sur un escalier. Elle n'était jamais venue ici en personne... Montant les marches, elle vit que des hommes se trouvaient dans le premier étage. Des salles plus ou moins spacieuses, mal équipées. Poursuivant son ascension en faisant malencontreusement grincer des marches de parquet vieilli, elle parvint au second étage. Une seule porte. Tam' se senti rassurée. Elle frappa à cette dernière mais personne ne répondit. Actionnant la poignée, elle décida de rentrer.

La décoration n'était pas au goût du jour. Un style ancien mais pas non plus grand-mère centenaire. Un petit couloir menait à différentes portes. Par logique, Tami tenta d'ouvrir la première. Verrouillée. Fronçant les sourcils, elle alla ouvrir la seconde. La porte s'ouvrit sur une grande salle avec un bureau et des étagères sur la droite. Une sorte de salon se trouvait sur la gauche avec un confort pour le moins rudimentaire. Tamia reconnu des affaires de Wethan. Pas de doute, c'était son bureau. Affichant désormais un léger sourire, la jeune fille alla s'asseoir sur le canapé qui se trouvait dos à l'entrée. Il était sûrement en déplacement, elle n'avait plus qu'à l'attendre bien sagement. A espérer qu'il n'ait pas prévu de rendez-vous qui pourrait avoir la même idée que Tam'...

Des pas résonnaient dans un étouffement sourd le long des escaliers. Mais Tamia était plongée dans ses pensées. Bien trop loin pour faire attention à quel bruit que ce soit. Les épreuves de ces derniers jours lui pesaient et des absences arrivaient à lui faire omettre tout ce qui pouvait se passer autour d'elle. Le visage dans ses mains, elle se repassait en boucle ce qu'elle dirait à Wethan. Tami n'était pas douée pour mentir et devrait bien s'entraîner un jour... Vu ce qui s'était passé hier, elle aurait besoin de mieux couvrir ses arrières.

Mais les pas se rapprochèrent et elle ne les entendit que trop tard...

- Qui es-tu ?

La demoiselle sursauta dans un cri de stupeur en se levant d'un élan démesuré. Les yeux de Tamia observait chaque détail du visage de l'homme qui l'avait troublée pendant que son esprit mettait toutes ses idées dans un désordre incomparable.

- Q-q-qui êtes-vous... ? Se risqua-t-elle à articuler de ses lèvres rosées.

Le canapé les séparaient, mais elle se sentait menacée. Les gens ici n'étaient pas très fréquentables dans les environs. Et le milieu dans lequel travaillait Wethan n'était pas réputé pour contenir des enfants de cœur. Sous son mauvais pressentiment, Tam' prit son courage à deux mains pour rester et... discuter ? Avec cet inconnu ? Bonne ou mauvaise idée, de toute façon, elle devait prendre sur elle sinon jamais la demoiselle ne retrouverait la foi de rendre visite à Weth' dans cet établissement.

Décidément, Tamia n'était jamais bien à l'aise avec les inconnus. A moins que ce soient des femmes ou des enfants... Oui, tous les hommes l'effrayaient quelque part. Pour des raisons irrationnelles probablement. Dans un espace inconscient, Tam' avait toujours été persuadé que ce fut son père qui l'abandonna. A part son père adoptif, elle n'avait jamais gardé de bons rapports avec la gente masculine. Il y avait bien Morgan mais cet homme était aussi instable que la flamme d'une bougie en plein courant d'air qui s'emmêlait entre bien et mal. Puis Wethan... Que dire ? Il ne manque pas une occasion de rabaisser Tamia. Il ne manque pas non plus de l'envoyer dans les situations les plus désastreuses. L'aider ? Oui, pour éviter qu'elle se rende compte qu'il serait prêt à la torturer personnellement s'il était en manque d'occasions de lui faire goûter le danger de la vie. Et puis il y avait Emelrich. C'était probablement celui qu'elle connaissait le moins, et probablement ne le connaîtrait-elle jamais plus que ça. Mais du haut de son étrangeté, de son extravagance frustrante et d'un naturel effrayant, il lui inspirait en fin de compte plus de confiance que n'importe quel autre inconnu.

- Répondre à une question par la même question, c'est assez original...

Tamia fronçait les sourcils. Oui, en même temps, elle n'avait pas vraiment prit le temps de discerner ses mots. Comme si un bruit malicieux l'avait emporté sur ce qu'il avait dit. Mais cela ne le troubla visiblement pas plus que ça de toute façon...

- Soit. Je me présente donc le premier. Je suis le Docteur Van Hermann. Je viens pour affaires avec Wethan, poursuivit l'homme en noir.

Pour « affaires » ? Ok, Wethan ne devrait pas tarder alors s'il avait demandé à ce que cet homme vienne le trouver ici, pas vrai ? Cela eut pour effet de rassurer quelque peu la demoiselle.

- Et donc toi, qui es-tu ?

La tête de la jeune fille se pencha légèrement sur la droite. Ouvrant sa bouche comme pour prononcer quelques mots volés, elle laissa sa tête aller lentement de gauche à droite. Que devait-elle dire a des « partenaires » ? De son frère ? Tamia ? Lisaly ? Les deux ? Elle allait encore faire une bêtise. C'était sûr. Il ne connaissait pas Valentina s'il ne la reconnaissait pas. Un bon point qui la fit pencher pour une version plus que l'autre. Ce Van Hermann s'installa sur le canapé où Tam' s'était posée auparavant.

- Tamia, laissa-t-elle échapper d'une voix fluette et avalée par sa peur précédente.

Bon, il n'allait probablement pas la manger aussi facilement quand même. Elle remit ses idées en place et finit par s'installer aussi sur le canapé. Les genoux serrés, les mains entrelacées posées dessus.

- V-vous connaissez bien Wethan ? Se risqua à demander la serveuse.

L'ombre se leva. Regardant à la fenêtre engraissée par les vapeurs des usines avoisinant l’établissement, il échappa sa réponse.

- Oui je connais bien Wethan. Cela fait un petit moment que nous travaillons ensemble. Chacun tire des bénéfices de l'autre. D'ailleurs...

Il marqua un temps d'arrêt. Sortant de sa contemplation, l'homme s'avança à nouveau vers Tamia qui leva ses yeux lentement, méfiante. Sa tête restait fixe, comme si l'intrus oppressait la pièce de telle façon qu'elle ne pouvait plus bouger.

- ...il déplore ton incompétence tu sais ? Dit-il en terminant sa phrase.

Cela extirpa Tam' de sa torpeur. Depuis quand Wethan parlait d'elle à ses « associés » ? Ce dernier n'était pas bavard sur ses affaires personnelles, désireux de toujours vouloir protéger l'intérêt de sa famille. Sa famille... Tamia avait conservé une once de prétention selon laquelle elle ferait à nouveau partie de la fratrie où elle était pourtant née...

- Cela me chagrine beaucoup à moi aussi, ajouta Hermann. Cela nuit à ses affaires et donc à MES affaires...

Le ton de cet homme restait posé, désagréablement atténué par le sourire qu'il arborait. Un contraste qui mêlait peur et interrogations. Tamia était curieuse, bien trop curieuse pour son propre bien. Elle saurait se défendre dans des circonstances extrêmes cela dit, le charisme de ce « docteur » prenait le dessus. Ses déplacements étaient tout aussi calmes qu'inquiétant et Tami ne sut que dire alors le silence mangea la salle.

- As-tu l'impression de ne pas savoir t'adapter à ce que veut ton frère ? As-tu l'impression que quelque chose t'échappes ? Dis-moi Tamia... Est-ce que si tu le pouvais, tu ferais tout pour que ton frère et ta sœur t'acceptent parmi eux ?

Cette « proposition » heurta la demoiselle. Comment pouvait-il savoir ce qu'elle était ou non capable de faire pour eux ? Il n'y allait pas par quatre chemins et visait juste. Wethan a dut beaucoup parler avec lui... Un peu trop pour qu'il ne soit qu'un partenaire parmi les autres. Ils ont de l'intérêt à être ensemble, chacun de son côté mais à travailler ensemble. Weth' travaillait-il déjà sur une solution pour l'effacer de ce monde ? Ferait-il ça à sa sœur de sang ? Tamia resta muette. Laissant le poison de ses mots traverser son esprit.

- Tu te sens coincée entre deux mondes n'est-ce pas ? Tu ne sais pas sur quel pied danser...

Le regard dans le vide, face à elle, la jeune fille ne pouvait qu'entendre les pas lents de son interlocuteur jusqu'à ne plus rien entendre. Il déposa ses mains sur ses épaules. Tami s'ordonnait dans sa tête de fuir, de sortir d'ici. Elle n'avait pas à se trouver ici. Peut-être étaient-ils amenés à se rencontrer mais pas ici, pas maintenant. La situation n'était pas sous contrôle et personne ne savait qu'elle se trouvait en ce lieu. Une erreur...

- Alors Tamia, douce Tamia... Quelle décision vas-tu prendre ? Continuer à décevoir ton frère ou bien... alléger leur soucis ? Je peux t'y aider tu sais... Réponds-moi juste : "Oui... Je le veux..." et la porte de ton frère te sera ouverte...

Les murmures du docteur lui glacèrent le sang. Une solution pour ne pas – plus ! - décevoir son frère existait-elle vraiment ? Tamia en doutait et n'accordait aucune confiance à cet homme. Mauvaise idée. Très mauvaise idée. Les yeux écarquillés, une lueur d'espoir traversa ses prunelles. Mais Tam' avait beau être niaise, elle n'était pas aussi stupide qu'on pouvait le penser – enfin presque pas. Elle se retourna, dégageant ainsi les griffes de l'ombre de ses épaules. Son visage près de l'autre, son regard se fit perçant.

- Il faudrait un miracle pour que vous soyez la personne qui me rendrait ce service, lança-t-elle d'un ton sec qui contrastait avec le grain de crainte qui se faisait entendre dans sa voix.

La proposition de Hermann avait quelque chose d'alléchant. Toutefois, Tamia avait apprit à se méfier des solutions miracles. Car il y avait toujours la possibilité de la tuer, ça aurait effectivement pour conséquence d'alléger le fardeau qu'elle représentait pour sa famille. Mais cela allait contre son intérêt à elle qui était de vivre. Normal. Tami ne faisait pas partie des désespérés qui se croient la causes de tous les mots du monde et qui sont prêts à nuire à leur vie pour « libérer » les autres de leur « présence ».

La curiosité de Tamia était entamée. Un peu tard pour faire marche arrière dans le sens ou quelque part, elle était intéressée. C'est que la demoiselle avait déjà tout essayé pour « convenir » à Wethan et Valentina, mais en vain. Elle avait ce côté masochiste qui la poussait à vouloir en savoir plus sur cet étrange personnage qui s'était penché sur son épaule comme un ange. Un mauvais ange, mais ça, il pourrait s'avérer être trop tard lorsque Tam' s'en rendra compte.

- La science fait des miracles dit-on. Or je suis un homme de sciences alors je suis un homme de miracles, répondit-il sur un ton amusé.

Comme si tout ça était un jeu à ses yeux. Tamia esquissa un sourire mêlé d'incompréhension et de crainte. L'espace d'un instant, elle aurait aimé dire oui à cet homme pour savoir s'il disait vrai. Naïve qu'elle était, Tami pensait qu'il existait un moyen pour la rendre plus « utile » à sa fratrie. Restait à savoir si la solution à laquelle Hermann faisait allusion était une solution viable. Tamia ne se permettrait pas de perdre quoi que ce soit pour n'importe qui. Surtout pour quelqu'un d'aussi mystérieux que cet homme.

- Mais, en un sens tu as raison. Je n'en ai pas le droit. Crois-moi, cela me chagrines beaucoup de ne pas pouvoir t'aider... ajouta-t-il, énigmatique.

Tamia se leva et croisa ses bras sur son torse.

- Pourquoi vous proposez ça ? Wethan peut très bien régler ses problèmes personnels tout seul ou bien il vous a engagé comme baby-sitter ? Questionna promptement Tam' dans un élan incontrôlé. Et ça serait quoi votre solution miracle ?

La diplomatie n'était pas de mise ici. Bien qu'elle soit d'un naturel avenant et prévenant, Tamia était trop embrouillée pour réfléchir à ordonner ses mots et ses idées. Cela ne lui ressemblait pas cependant, à la vue des années qu'elle passait pour se faire accepter, Tami se trouvait à court d'idées. Au fond, elle espérait que cet étranger ait une solution.

L'ange noir ne viendrait pas à bout de la demoiselle aussi aisément qu'il peut s'avérer être possible au premier abord. Tamia devait se faire une raison : trop de choses arrivaient pour pouvoir rester stable et elle comprenait ainsi un peu plus Morgan... Oui non, elle ne pouvait pas le comprendre parce qu'il était complètement détraqué mais il y avait cette sensation de perdre le contrôle et tout faire pour le retrouver.

- Tu te poses beaucoup de questions et comme je suis d'une humeur conciliante, je vais faire l'effort de te répondre, déclara Van Hermann en se remettant à marcher dans la salle. Le « pourquoi » rejoint le « quelle solution ? ». Vois-tu, je travaille en labo sur des substances diverses et variées. Et comme par hasard, j'en ai une sur moi qui pourrait très bien te convenir...

Tami le suivait du regard, se demandant où il voulait en venir. Mais très vite la jeune fille comprit de quelle substance il parlait en particulier. Wethan en parlait très peu, de ses affaires, mais l'Illuvis, il en vendait déjà. Et ce « docteur » en science serait son « fournisseur » ? L'Illuvis clandestin tuait chaque jour de pauvres innocents en quête d'aventure et de nouveauté. Ces gens qui veulent participer à « l'évolution » du monde. Tamia ne les comprenait pas. Mais elle n'était pas sans savoir à quel point tout cela fascinait son frère. Perplexe, elle laissa Hermann poursuivre.

- Alors non, Wethan ne m'a pas engagé comme baby-sitteur, il le fait très bien tout seul, ajouta l'homme en s'arrêtant. Ce qui m'intéresse, c'est les résultats de cette petite expérience. Plus de confiance en toi, une meilleure compréhension du monde qui t'entoure...

Un silence plana. Tamia vit une lueur malsaine traverser le visage de son interlocuteur. C'était risqué. Très risqué. Tout ce que cela impliquait pouvait avoir des conséquences tellement graves ! Tam' n'était pas une personne de science. Elle n'aimait pas les Irréels plus que des animaux de compagnie - ce qui peut paraître cruel de sa part vu qu'elle a un grand seuil de tolérance - et avait bien assez d'ennuis pour risquer à s'en créer de nouveaux. Elle devait y réfléchir.

- Quand bien même je dirais oui, vous feriez ça là ? Maintenant ?

Les risques étaient sur les deux plateaux de la balance. Si jamais Wethan avait une once d'attache pour Tami - ce qui serait plus ou moins peu probable - et qu'il la voyait disposer ainsi de sa vie, cela pourrait créer du grabuge. Mais en même temps, si elle créait un Irréel alors la demoiselle aurait toute l'attention qu'elle demande. Cette attention, même reportée sur sa création, serait un véritable saut en avant pour Tamia.

Tamia suivit ce que le scientifique regardait. La mallette. Il amenait « de quoi faire » à Wethan. Elle fit mine de ne pas y prêter attention.

- Ici ? Je t'aurais bien dit oui mais ta vie m'importe beaucoup ! Dit-il en souriant.

La jeune fille fronça les sourcils. Comment sa vie pouvait lui importer ? Après quelques secondes de réflexion, Tamia se dit que cet homme craignait Wethan. Un petit sourire à peine perceptible se dessina sur le coin des lèvres de la demoiselle. Il avait raison de craindre Weth'. Il était probablement la seule personne avec qui Tami n'aimerait pas jouer. Mais de là à ce qu'il œuvres pour des représailles envers un fournisseur juste pour les beaux de Tam', c'était quelque chose qu'elle ne se risquerait pas à parier là-dessus. Toutefois, elle se risquerait bien à tabler là-dessus pour se « protéger » de cet homme qui semblait bien plus optimiste qu'elle concernant ses rapports avec son frère.

- Non, non. Dans le cas hypothétique où tu souhaiterais prouver ta valeur, je t'attendrais dans nos labos. Plus sûr, plus agréable. Et en plus, tu seras rémunérée. C'est pas beau tout ça ? Préconisa Hermann.

Les chemins conventionnels étaient plus sûrs en effet. Pour lui et pour elle. Surtout pour elle en fait... Mais aurait-elle le courage de s'y rendre ? Là devrait peut-être œuvrer l'homme.

- Faut voir... échappa Tamia tout en restant sur la défensive. Vous êtes venu ici pour quoi ? Questionna-t-elle pour nourrir sa curiosité.

Tout en restant sur ses gardes, Tamia se méfiait des paroles de l'homme. Croire un associé de Wethan c'était un peu comme croire qu'un chien est un chat. Elle avait beau être parfois légère, Tami avait un minimum de jugeote et prenait tout ça avec précaution.

- Tu as la mémoire courte, répondit-il au questionnement de Tamia.

La serveuse insistait pour de bonnes raisons. Mais la remarque du scientifique marqua qu'il préférait ne pas trop en dire et la rabaisser plutôt que de jouer franc jeu.

- Je t'ai dis que j'étais ici pour affaires avec Wethan, sous-entendu des choses de grandes personnes.

Des grandes personnes hein ? Wethan était un grand enfant, c'était bien connu. Mais certes, Tamia n'était pas prête à encaisser tous les trafics et toutes les manigances de son aîné. Bien des choses restaient floues pour elle. Cherchait-il à la protéger ou à l'évincer ? Tam' aimait croire qu'il faisait ça pour son bien. Mais qu'en était-il vraiment ? Dans les deux cas Weth' n'était pas du genre à exprimer ses réels sentiments. Il n'y avait que Valentina qui semblait compter à ses yeux et Tami l'acceptait. Jusqu'à ce qu'elle puisse un jour lui prouver qu'elle était tout aussi digne d'être sa sœur que Val', Tamia saurait rester à sa place.

- C'est plutôt à toi de me...

La curiosité naissante de l'homme fut coupée par une sonnerie de téléphone. Une conversation dont Tam' ne comprit l'objet et n'en avait pas vraiment quoi que ce soit à faire, mais qui sembla embêter Van Hermann.

- Une urgence. Au plaisir de te revoir, Tamia, lâcha-t-il avant de s'évader comme une ombre.

Tamia resta coi, debout. Cet homme l'intriguait. Au travers de la saleté d'une fenêtre, elle tenta de voir vers où l'homme se dirigeait. Cette rencontre inattendue était étrange et inachevée. Quelque chose ne tournait pas rond : un doute naissait chez la demoiselle. Un doute, non, c'est beaucoup dire. Mais s'était immiscée en elle la possibilité de participer au programme Illuvis. Tami n'était pas de ce que l'on pouvait appeler une partisane des sciences mais si c'était son seul moyen de remonter dans l'estime de son frère alors... peut-être y songerait-elle plus sérieusement. Son frère qui, au bout d'une demi-heure, arriva au bureau de substitution. D'abord méchamment étonné de voir Tamia ici, il lui demanda de raconter ce qu'il y avait d'aussi important. Mais cela ne le rendit pas plus tendre, bien au contraire... Après diverses remontrances, il lui conseilla simplement de prendre du recul sur tout ça, sur lui, Valentina et surtout d'éviter ce Morgan. Le temps au moins que les choses se calment car pour lui, les circonstances n'étaient pas forcément au top de leur forme.