« Je peux le... »

« Non, je peux le faire, ne vous inquiétez pas ! » répondit Alexander avec un sourire. « De toute façon, j'avais besoin de prendre l'air ! »

Le médecin, dans un crissement de roulettes, émergea de l'entrave de son bureau pour se saisir du dossier tendue par l'infirmière. Celle-ci, d'abord étonnée, lui adressa un sourire avant de quitter le bureau d'un pas souple. La spontanéité d'Alexander, depuis le temps qu'il travaillait ici, n'était plus à prouver. Le praticien se débarrassa de sa blouse blanche avant de la troquer pour son manteau. Le dossier refermé et calé solidement sous son bras, il descendit les différents étages de l'aile avant de se retrouver dehors, les joues mordues par un baiser glacial du vent d'hiver. Resserrant sa queue de cheval, Alexander remonta du même coup le col de son manteau et, les mains enfoncées dans ses poches, se dirigea jusqu'aux laboratoires.

A l'accueil de ces derniers, une jeune femme le reçu, couvert de givre, et lui indiqua gentiment le bureau de monsieur Ishter. Parcourant les couloirs, Alexander parvint enfin à une porte de bois marquée au nom du destinataire du dossier. Il frappa trois coups brefs et lorsqu'on lui permit d'entrer, il fit tourner la lourde poignée avant de pénétrer dans le bureau de son hôte avec le sourire jovial de celui qui retrouve un vieil ami.

« Monsieur bonjour ! Je viens de la part de l'Hôpital. On m'a dit de venir vous déposer un dossier de toute urgence, ça doit être très important. »

Monté sur des ressorts, il lui tendit le dossier comme on donne un cadeau de Noël.

L'homme saisit le rapport tendu par Alexander et commença à le feuilleter, sans pour autant lui donner congé. Le prenant comme un supérieur, Alexander attendit simplement, profitant de la chaleur du lieu. Le scientifique avait peut-être quelque chose à lui donner en échange afin qu'il le rapporte à son service. Faisant émerger les mains de ses poches, il ouvrit son manteau et retira ses gants afin de ne pas crever de froid lorsqu'il ressortirait.

De longues minutes passèrent durant lesquelles son hôte ne souffla mot. Semblant enfin s'apercevoir de sa présence, il sursauta, comme coupable d'une grosse erreur, avant de lui proposer quelque chose à boire. Alexander acquiesça d'un signe de tête ; par envie et par politesse.

"Avec grand plaisir, si cela ne vous dérange pas."

Il préférait une demande sincère plutôt qu'une demande réalisée simplement par politesse. S'avançant, Alexander prit place sur le fauteuil qui se trouvait devant le bureau. Sur le dossier, il déposa son manteau et plongea ses gants dans ses poches. Il se débarrassa de son écharpe.

"Je veux bien un thé s'il vous plaît, je suis en pause, après tout."