Les jours passent vite... Je ne compte pas le nombre d'empreintes que j'ai pu laisser sur le parquet qui ornait ce bar. Ni le nombre de coups de chiffons passés après les verres de maladroits ivres à chaque soir que je les vois. Un sourire. Souris Tami. Il faut sourire pour que ce client laisse un pourboire. Tant que ça n'était que ça... Les quelques nis que je récupérais ainsi représentaient beaucoup. Mon salaire était le même qu'une étudiante embauchée à temps partiel... Mais c'était un bon travail. Je rencontrais des gens, le patron était sympathique, et j'avais des horaires qui me permettaient de vivre en dehors du métro boulot dodo. Certes, rares étaient les semaines en dessous de quarante heures, mais les résultats que j'avais obtenu durant mont tertiaire ne me donnaient pas accès à beaucoup d'autres boulots.

Ma vie avait l'air d'être un fleuve qui s'écoulait au bon vouloir de la nature. Je me plaisais à le croire...

Depuis que j'avais retrouvé Valentina et Wethan, tout était devenu différent. Déjà qu'il m'arrivait de tomber dans des embrouilles sans rien demander à qui que ce soit, là, je mettais carrément les deux pieds dans les ennuis et j'y restais. C'était le seul moyen que j'avais pour pouvoir rester avec eux. Au début, je pensais que tout se passerait normalement, que l'on passerait toutes nos soirées à rattraper le temps perdu et à partager ce que nos deux chemins avaient pu nous apporter. Mais rien ne se passa ainsi... Il y eut une soirée, oui. Où l'on allait rattraper le temps perdu oui. Mais alors que je leur avais raconté ma vie, leur comportement se précisa dans un chemin dangereux... J'appris que mon très cher aîné avait du se lancer dans le trafic de drogues pour pouvoir subvenir aux besoins de notre mère agonisante et de Valentina. Cette dernière avait reprit la branche du proxénétisme qu'avait lancé Wethan et tout deux commençaient à avoir la main mise sur tout le marché noir d'Edernys. J'ai voulu fuir. Un instant. Oui. J'ai prié je ne sais quoi pour retourner le temps et ne jamais les avoir rencontrés. Mais c'était impossible et très vite je réalisai qu'ils étaient ma famille. Mon frère, ma sœur. Nous partagions le même sang. Nous devions rester ensemble quoi qu'il arrive.

Chaque jour qui passe devient un combat pour protéger le lourd secret qui fait ma double vie. Malgré mon manque d'expérience dans la pègre, j'ai vu plusieurs tâches m'être confiées. Cela ne m'enchantait guère... Cela dit je n'avais pas le choix. Ma voix intérieure me disait de les aider, que cela me permettrait d'être acceptée. Je devais faire mes preuves et me rendre utile à l'entreprise "familiale". Qu'elle me semblait loin désormais la petite boutique de mon père adoptif... Il me manquait aussi... Au bout de trois ans, je m'étais décidée à lui rendre visite. Entre un agent du gouvernement et mon désir de protéger ma famille, j'étais dans une phase très difficile. Ne sachant pas trop où l'enquête à laquelle j'étais raccordée allait me mener, ma détermination me permis de rendre visite à Imad, mon père, celui qui m'avait élevée là où mon géniteur m'avait abandonnée. Mais la fatalité semblait à mes côtés. Tout ce que j'entreprenais pouvait réussir, à la condition seule qu'autour de moi, le monde s'effrite peu à peu. Je me sentais maudite en apprenant la mort de mon père... Ce que je ressens aujourd'hui n'a pas de mot pour être décris...