Une semaine, c’est court, beaucoup trop court quand on n’a pas la notion du temps. Quel jours sommes nous ? Il l’ignore complètement. Et t’il encore ivre ? Probablement. En réalité non, il ne l’est pas. Juste un énorme mal de tête à cause de la soirée trop arrosé avec lui-même.
Son visage coller contre le coussin, Suileabhan tapote le matelas à l’aveuglette, retrouvant son vieux portable à clapet qu’il ouvre d’un coup sec. Le réveil intégré n’a pas sonné, il a encore le temps de se préparer.

~*~

Arrivé en premier, comme souvent, il profite du calme du lieu et de la solitude à déplacer les chaises et tables sur le coté, afin d’avoir plus de place pour travailler. Une fois cette tache terminé, il attend patiemment l’heure de l’ouverture, l’heure où tous les employés montrent le bout de leurs museaux.

Aujourd’hui est entièrement consacré à la remise en forme du bar. En d’autres thermes, réparer la casse provoqué une semaine plus tôt. Les colis arrivent dans l’après-midi et le soir, la grande réouverture du bar l’Alouette est prévue d’être fêtée. Tout le monde trépignent d’impatience, mais pas le Barman. Il s’en fiche un peu, du moment qu’il a encore son travail. Alors qu’ils s’attardent à leur tache consacrée, le grand patron des lieux appelle Suileabhan, qui s’occupe de ranger les livraisons de bouteilles et de verres, dans son bureau. C’est en cachant son énervement qu’il obéit à son patron, sachant par ailleurs, que cet appel n’est rien de positif. Une nouvelle mise en garde. Si un nouvel incident de ce genre se reproduit au sein du bar, il est sûr et certain de perdre son emploi. Le patron ne mâche pas ses mots pour le lui annoncer et hausse la voix tellement fort, que Suily est presque certain que la conversation traverse la porte. Un détail qu’il a souhaité éviter en sortant du bureau. Au même moment, la porte d’entrer s’ouvre à la voler, laissant entrer une jeune fille au jolie visage, blonde, aux grands yeux couleur ciel. La serveuse du bar.

"Bonjour ! Désolée pour le retard j'ai eu quelques soucis..."

Suileabhan la regarde passer d’un air méprisant. Toujours en retard celle-là et jamais là qu’en on a besoin, mais si elle a des problèmes, il peut que comprendre. La vie n’est pas toujours rose, même pour les plus optimistes. Sans poser un regard sur elle, il lui donne les cartons fraichement livré, sans dire mots. Rien du tout. Tel est baser leur relation depuis son arrivé au bar. Cette pauvre jeune femme subit les vents incalculable du Barman, au point que cela en devient désespérant. Il se contente de ranger sa partie du bar ainsi que de faire l’inventaire. La liste d’une main et un stylo de l’autre, Suily ouvre, compte le contenu de chaque colis, vérifie sur la feuille si le compte est bon, note le nombre compté et donne aux autres le paquet, puis recommence sa besogne.

"Combien de colis nous devons recevoir aujourd’hui ?" demande t-il à tout le monde sans lever le regard de sa fiche.

Seulement deux colis ont été livrés, et d’autres ne sont pas encore arrivés. Suileabhan guète dehors, dans l’espoir de voir un camion ou une vulgaire camionnette, rien pour le moment. Penser à devoir appeler les fournisseurs pour leur incompétence l’agace au plus haut point. Les retards ou erreurs de livraison, Suily ne supporte vraiment pas ça. C’est de ce foutre de la gueule du monde, ça rajoute du stresse, ça apporte la merde. Ils n’ont pas que ça à faire, ils ont un bar à ouvrir.
Grinçant des dents, il va aider les autres dans leur corvée, jetant quelques coup d’œil dehors au cas où.

"Putain."

Le Barman tourne la tête quand la jeune serveuse vient près de lui. Avec un air presque minable suscitant à la pitié, elle s’adresse d’une voix, non pas faible, mais légère.

"Tu... veux que je fasse quelque chose ? Enfin... j-... rien. Laisse"

Suileabhan soupire d’agacement en donnant un coup de poing sur le comptoir, fixant la pauvre Tamia de ses yeux noisette à l’expression renfrogné. Ce n’est pas le fait qu’elle soit venu à lui qui l’énerve à se point, non, pas du tout (au contraire), c’est qu’elle n’a pas terminé sa phrase. Et Suily ne supporte pas du tout ce type de personne qui souhaitent parler, mais qu’au final, se découragent par simple peur. Certes, il peut être méchant, certes il peut être dur et froid comme il est souvent avec tout le monde. Mais putain de bordel de merde, il ne va pas les manger ou les baffer juste par ce qu’ils ont osés lui parler (enfin, ça dépend de quoi n’est ce pas ?). Suily sait ce que la jeune femme souhaite lui demander, mais, il lui répondra seulement si elle dit entièrement sa phrase.

Il se poste devant la serveuse, les bras croisé, demandant à celle-ci d’un ton calme et posé.

"Que voulais-tu me demander ?"

Attendant patiemment que la phrase soit bien dite en entière et sans bégaiements, les colis restant arrivent petit à petit. Il finit par indiquer à Tamia ce qu’elle doit faire ; aider les autres serveurs à déplacer les gros cartons et les ouvrir. Quant à lui, compter le contenu est son boulot du jour. Une fois terminé, il demande à Tamia de l’aider à ranger toutes ces belles verreries aussi étincelantes que du cristal. Une bonne occasion de parler avec elle, même si cela ne l’enchante pas vraiment, il doit savoir le pourquoi du comment de ses nombreux en retards.
Un silence pesant plane au dessus d’eux, finissant par être briser sans vergogne, ni remords.

"J’aimerais savoir pourquoi tu es souvent en retard."

Une question bien directe posée à la serveuse du Bar l’Alouette. Maintenant, ils ont tout le temps de parler, il reste plus qu’un colis à recevoir. Suily sait que celui-ci va arriver tard dans la soirée, le fournisseur l’a appelé en début d’après midi pour cet imprévu. Un colis bien spécial, un cadeau en quelque sorte. Il est bien heureux d’avoir fait cette affaire, plus pour lui que pour le Bar (avouons le), en espérant que le patron ne soit pas aussi rabajoie qu’il laisse penser être. Au moins, si le patron refuse, Suily peut le garder rien que pour lui, et ô combien cela lui ferait plaisir.

Pour le moment, ranger le Bar est ce qui il y a de mieux à faire pour passer le temps.